POSTFACE
Les Voiliers du soleil a été initialement publié dans la collection Anticipation des Éditions du Fleuve Noir au premier trimestre 1961, très peu de mois après Chirurgiens d’une planète rebaptisé Le Rêve des forêts à l’occasion de sa récente réédition. Ce roman a sans doute été écrit en 1959 ou 1960. La présente version est proche de l’original. Je me suis contenté d’en réviser l’écriture et d’éliminer quelques naïvetés excessives sans remanier le livre en profondeur pour les raisons que j’ai déjà indiquées dans ma postface au Rêve des forêts.
J’ai modifié par quelques touches le personnage d’Ina d’Argyre pour lequel j’ai la plus grande sympathie mais qui me semblait parfois trop exaspérant dans son premier avatar. Je reste assez satisfait d’avoir proposé au lecteur une héroïne à une époque où elles ne couraient guère l’espace.
Les Voiliers du soleil demeure un roman d’action où les descriptions occupent une place inhabituelle. Elles correspondaient pour moi à des images extrêmement précises que j’aurais aimé être capable de transcrire sur une toile. La description de scènes spatiales revêtait à l’époque une grande importance pour les écrivains de science-fiction parce que nous pensions qu’elles assureraient durablement la supériorité de l’écriture sur le cinéma. Nous avons été rejoints depuis. Et peut-être cernés.
Roman d’action cependant, et forcément animé d’un rythme rapide, presque saccadé, par la brièveté du cadre imposé dans la collection, Les Voiliers du soleil est probablement mon œuvre la plus influencée, sans doute naïvement, par la technique de narration d’un Van Vogt. Le souci d’explication et de cohérence n’y est pas toujours dominant. Les érudits trouveront du reste sans peine les traces d’un hommage explicite à l’auteur des Armureries d’Isher. Il doit aussi quelque chose au style flamboyant de mon ami Kurt Steiner jusque dans le choix des noms des personnages.
Mais c’est aussi un roman d’amour et presque un roman sentimental, ce que je suis du reste. Et j’espère que le tout forme encore, comme je l’ai souhaité en l’écrivant, un vrai roman populaire, c’est-à-dire une œuvre écrite avec sincérité et qui non seulement donne à rêver mais ouvre aussi des portes sur l’ailleurs et sur le possible.
Gérard KLEIN
2 février 1987